Le collectif
“Premières impressions” naît il y a un peu plus d’un an d’une idée généreuse. Nous étions trois lurons inspirés à gamberger un soir d’été dans les ruelles des Batignolles. Mettre l’art dans nos quotidiens était devenu une évidence, la marque de notre désir insatiable de capturer les émotions ressenties : l’envie de rire, de sourire, la nostalgie, l’émerveillement… Pas de concept ici, une démarche honnête d’amateurs curieux d’expérimenter et d’échanger.
Le collectif s’est étoffé depuis en personnalités et techniques. Tandis que l’aquarelle (Benjamin de Roys et Alexandre de Saint-Jouan) et la photographie (Pierre Muzard et Sébastien Séphériades) gagnent des adeptes, la céramique a fait son entrée (Alice Gaulier).
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Benjamin de Roys
Allez à l’Endroit et cherchez un mec aspiré par ce qu’il dessine : vous le reconnaîtrez. Quand l’idée de Premières Impressions émerge, une partie de lui ressentait un besoin inassouvi d’expression artistique. Benjamin croque depuis quelques années. Sa forte personnalité aurait pu s’extérioriser vers la scène. Il choisit plutôt de le faire avec l’aquarelle. Un vecteur d’énergie et une source de confiance suffisante pour oser exposer.
Sans préjugé, tous les sujets qui le touchent passent sous son pinceau, les portraits d’inconnus, de ses amis, les nus, les paysages voisins... en même temps qu’il joue avec les médiums. Benjamin apprivoise l’aquarelle et récemment le dessin pour modeler la réalité telle qu’il la perçoit. On le remarque dans une création prolixe dont seuls ses proches ont le privilège de voir les étapes, ébauches et études.
« Avez-vous déjà vu des pinceaux peints ? Maintenant oui... ». Quand on pense à la peinture, on imagine un chevalet, une toile, un sujet animé ou non et son créateur. Benjamin choisit de mettre en avant les pinceaux, ces petits oubliés que l’on touche, manie ou intervertit. Ils permettent de transposer la forme de l’esprit et capturer les mouvements du corps sur les supports que l’on admire.
Les pinceaux sont pour Benjamin des objets sensuels, par leur forme, la finesse de leur tête, leur longueur, la douceur de leur poil et leur texture parfois rugueuse par les dépôts colorés accumulés au fil des ans. Une singulière sensation de déséquilibre accompagne le mouvement du poignet.
Cet hommage aux pinceaux s’étend aux artistes qui l’ont précédés, inspirés et font que la peinture a été et restera un puissant vecteur d’images et d’émotions.
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Sébastien Séphériades
Jeune papa féru de sport automobile et d’architecture, Sébastien s’amuse à décliner les formes avec l’œil à la fois émerveillé et joueur d’un enfant. Photographe amateur depuis quelques années, il nourrit sa recherche artistique essentiellement par la photographie d’architecture et urbaine.
Son travail célèbre la ligne, les formes simples tranchant sur les couleurs. Cette esthétique géométrique met à l’honneur les monuments. Parmi ses objectifs, il donne sa préférence aux longues focales pour leur pouvoir de concentration du regard. Sa touche est quasi chirurgicale, voire frontale. Il zoome essayant de rapporter les monuments à leur plus simple appareil, sans artifices.
Sébastien s’amuse ainsi à pousser sur la focale jusqu’à la limite de pouvoir reconnaître les monuments. Ces encadrements de détails à la serpe font ressortir leur signature, immédiatement reconnaissables. C’est épurer et enlever ce qui peut distraire de l’essentiel. Le choix de grands formats vient parfois sublimer cette géométrie de la pierre et du métal.
La sélection de l’exposition porte aussi le regard de Sébastien sur d’autres situations. Parfois le jeu de l’ombre et la lumière fait ressortir l’architecture de l’éphémère. Une grande dame renaît sereinement de ses cendres. Quand les étaies s’envoleront, combien de temps se rappellera-t-on qu’elle faillit bien disparaître ?
Dans certains clichés, la couleur s’affirme comme le sujet principal. Oubliez la forme ! La couleur anime la surface de la photo, faisant de l’objet photographié en zoom un simple prétexte à égayer nos yeux.
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Pierre Muzard
Passionné d’art et de patrimoine depuis son plus jeune âge, en un véritable “sommelier du beau” (dixit Benjamin), Pierre Muzard puise son enthousiasme et son énergie du dialogue avec les œuvres, les artistes, ceux qui les conservent et les collectionnent. Il aime ainsi mettre en valeur les talents des autres via l’écriture et le développement de Premières Impressions.
Il y a 2 ans, il redécouvre la photographie qu’il pratiquait déjà avec son ami Louis en reprenant le reflex argentique de son Papa. Amateur de voyage et de balades urbaines, il s’émerveille du nouveau rapport au temps et à l’attente que lui procure cette boîte magique qui sait ménager ses effets jusqu’au tirage. Il se décide d’exposer ici pour la première fois ses photographies avec ses camarades.
Pierre étanche sa soif créative tous azimuts. Pratiquant la musique, il admire les arts plastiques et explore d’autres espaces d’expression par le théâtre qui le surprend. Le medium argentique l’engage ainsi à composer en image la synthèse de ces stimuli sensoriels variés. Capter une atmosphère méditative, sentir la douce chaleur d’un après-midi, vibrer au diapason d’une cité, battre à son mouvement ...
Voyageant sur les traces des Farnèse entre Naples et Parme, il présente une série inspirée du « Grand Tour », ce voyage d’éducation littéraire et artistique en Europe effectué par les jeunes gens de la haute société européenne à partir des années 1760. Il pose un regard intimiste sur des lieux échappant parfois aux assauts du tourisme de masse.
Pierre joue aussi avec le médium argentique pour capter la lumière sous le grain sensuel de la pellicule. Ces situations sont intemporelles, sans être figées. Il s’amuse à retranscrire en un cliché le contraste et l’atmosphère de toute une ville.
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Alice Gaulier
Alice Gaulier se lie à la céramique comme une alchimiste à la transformation de la matière, avec industrie et expérimentation. La physique de la matière qu’elle étudiât se transformât rapidement en une passion enthousiaste pour les métiers d’art. C’est à l’École Boulle qu’elle apprend son nouveau métier d’ébéniste et de menuiserie en siège qui la conduira au Mobilier National. Elle y prototype et développe les séries limitées de mobiliers contemporains des collections vivantes.
Alice exprime dans ses expérimentations une créativité empirique et curieuse. Elle cherche à débloquer d’autres possibilités et défis créatifs, au delà de celles offertes par le bois manié dans son quotidien professionnel. Elle rencontre la céramique il y a 3 ans puis décide de prendre son propre atelier. Avec le grès, elle s’amuse à mettre à l’épreuve ses idées aux contraintes d’une matière espiègle, meuble à façonner mais ménageant ses effets jusqu’à l’ouverture du four.
Dans cette exposition, elle rend un touchant hommage à l’architecte Le Corbusier, et au Mouvement moderne qu’il fonda. Ses petites « unités d’habitation » s’inspirent ainsi de ses cinq points d’architecture (les pilotis, le toit-jardin, le plan libre, la façade libre et les fenêtres en longueur) comme dans la villa Savoye.
Ses « sculptures manifeste » puisent aussi leur formes d’inspirations comme Eileen Grey, Charlotte Perriand ou Bernard Tschumi, créateur des « Folies » du parc de la Villette. Autant de créateurs qui ont affranchi la forme de son utilité.
Cette série est un trait d’union entre le travail d’architecte et de céramiste. S’inspirant de photographies de musées, Alice s’ingénie à reproduire en volumes miniatures le jeu de l’ombre et la lumière sur la planéité des surfaces qu’elles photographie. Elle s’inscrit dans la continuité de son projet d’école Boulle : un jeu de construction modulaire inspiré de Le Corbusier.
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Alexandre de Saint-Jouan
Un paysage breton, un ciré, des bottes, si possible une belle tempête, des pinceaux en poils de petit écureuil roux mélangés à ceux d’une gentille martre : voilà les ingrédients de belles vacances estivales inspirantes.
Alexandre est un pèlerin errant sur les plages, désertées par les touristes descendus à Saint-Tropez. Bon vent !
Fidèle au poste, il sort son chevalet quand il y a une éclaircie. Mais la plupart du temps, il s’abrite dans sa charriote sous le rythme des essuie-glaces. Clic-clac, clic-clac … il aperçoit des ombres et des silhouettes, des cailloux tout mouillés, des roches humides et entend le roulis des vagues sur le sable.
Alexandre, aquarelliste itinérant, arpente héroïquement les sentiers des douaniers de Saint-Malo à Dinard et de Locquirec au Conquet. On reconnaît sa plaque d’immatriculation à travers les gouttes. Il ne faut pas hésiter par à venir toquer à sa fenêtre pour le saluer et découvrir ses créations apparaître au bout de sa mine.
Méticuleux, cet aventurier des paysages sauvages fait sécher ses aquarelles encore humides de la météo capricieuse au-dessus de l’âtre de la cheminée. Ah quelle joie de profiter de ses vacances en famille : de l’admirer s’ébrouer dans l’onde sous la pluie. Des souvenirs à la pelle gravés à jamais sur du papier aquarelle.
En ce samedi 16 décembre, Alexandre présente une dizaine d’œuvres de ses dernières expéditions bigoudènes. Amis bretons, amis français, venez admirer la Bretagne sous le regard touchant de ce Saint-Exupéry de l’Armorique.